Micro-transactions: l'arnaque Next-Gen

Xbox 360 : pas de cadeaux
Par Eric Simonovici le 13.04.2007
Tollé autour du prix des téléchargements Guitar Hero II. Officiellement, il y a des certifications, des licences. Officieusement, c'est la boutique de Microsoft, disent certains, et l'une de ses vocations semble être de tester les limites du portefeuille des joueurs.
On en avait parlé rapidement en vite vu (logique) en début de semaine : les premiers morceaux téléchargeables pour Guitar Hero II Xbox 360 sont désormais disponibles et à 500 points Microsoft le pack de trois, soit deux euros le morceau, les réactions ont été plutôt vives dans la communauté des joueurs. En particulier, une pétition, désormais rendue à un peu plus de 8500 signatures, rassemble la plupart des commentaires (incluant le définitif "C'est la fête des mouettes ou quoi ?!!"). Problème numéro un, donc : le prix. Certains font le calcul : les 47 morceaux du Guitar Hero original – dont est tiré le contenu téléchargeable en question – reviendraient au tarif Marketplace à 94 euros. La version PS2, incluant guitare et jeu complet, est elle vendue neuve à 80 euros. 500 points, c'est également plus de la moitié du prix de Castlevania : Symphony of the Night, un classique de la Playstation récemment débarqué sur le Live Arcade. Beaucoup regrettent enfin le recours au principe controversé du bundle, forçant potentiellement à l'achat de deux morceaux non désirés. Konami, pour le contenu téléchargeable de Dance Dance Revolution Universe, offre ainsi le choix entre le paiement à l'unité et un "mega pack" offrant les dix titres disponibles et 20% de réduction. Les prix sont de 100 points pour un morceau seul et 800 points pour le pack complet.

Bien sûr, il ne s'agit pas tout à fait de contenu recyclé. Les titres en question, même s'ils sont hérités du premier Guitar Hero, ont été retravaillés pour bénéficier des améliorations apportés par la seconde version. Une ligne de basse jouable en mode coopératif ainsi qu'un tableau des scores en ligne ont été ajoutés. Dans une interview accordée hier au magazine Joystiq, Larry Hryb, directeur de la programmation Xbox Live plus connu sous le nom de "Major Nelson", a tenté de clarifier la situation. "Il y a des tests à mener, des licences à acheter, a-t-il expliqué. Il y a beaucoup d'éléments qui entrent en jeu. Dès qu'il s'agit de musique, il y a beaucoup de problèmes de licence. [...] Les contrats doivent être renégociés parce qu'il s'agit d'une plateforme différente et il y a également de la distribution numérique, tout ça rentre en jeu." Concernant la décision d'offrir des packs plutôt que des morceaux individuels, Hryb aiguille les regards vers les processus de certification et de distribution. Selon lui, traiter trois morceaux en même temps permettrait de réduire le nombre de problèmes potentiels, les coûts et donc, ainsi, le prix final pour le consommateur. Une décision qui, apparemment, aurait été mutuellement approuvée par le développeur et par Microsoft. "Nous avons travaillé avec Red Octane pour fixer un prix raisonnable," confirme Hryb.

Justement, on a beaucoup parlé il y a quelques jours de la manière dont Microsoft envisage la distribution de contenu sur le Marketplace. Dans le dernier podcast du magazine 1Up, Tim Sweeney, fondateur, président et super programmeur d'Epic Games, a ainsi relaté son expérience avec le constructeur concernant les suppléments téléchargeables Gears of War. "Nous avons déjà diffusé deux [maps] et il y en a quatre autres qui sont prêtes, a-t-il raconté. Ca fait un bon moment que nous voulons les donner mais c'est Microsoft, en fait, qui retarde la sortie. Ils essaient de construire ce business autour de la vente de contenu additionnel pour les jeux et c'est compréhensible mais, clairement, nous aimerions pouvoir sortir plus de trucs gratuits, et c'est quelque chose que nous n'avons pas encore réussi à faire. Ce qui est dommage." La confession de Sweeney a rapidement provoqué les réactions que l'on imagine, au point que Mark Rein, vice-président du studio et habituellement plutôt grande gueule, vienne arrondir les angles. "Il s'agit simplement d'une différence d'opinion sur la manière de maximiser le retour sur investissement avec Gears of War, quelque chose qui concerne aussi bien Epic que Microsoft, a déclaré le responsable sur le forum du site Evil Avatar. Epic pense qu'il faut donner les maps gratuitement et Microsoft pense qu'il faut les vendre. [...] Bien que nous créions des titres comme Gears parce que nous sommes passionnés de jeux, au bout du compte, il s'agit d'un business pour nos deux sociétés et de la manière dont nous gagnons notre argent." Les maps de Gears of War, finalement, seront d'abord vendues puis, quelques mois plus tard, téléchargeables gratuitement, à l'instar de ce qui s'était fait pour Halo 2. Rein a cependant suggéré que la décision finale revenait, logiquement, à Microsoft. "Très franchement, le Marketplace Xbox Live n'est pas notre boutique, a-t-il indiqué. C'est la boutique de Microsoft. Comme tous les revendeurs, ils ont le droit de décider ce qu'ils vendent et à quel prix."

La position du constructeur n'est cependant pas complètement inédite. Il y a un mois, le studio Bizarre Creations révélait ainsi que Geometry Wars avait initialement été conçu comme un "cadeau pour les joueurs" mais qu'il était vite apparu "évident" que le titre ne pourrait pas être diffusé gratuitement. Microsoft, cependant, n'est pas complètement inflexible. On se souvient qu'après le tollé provoqué par l'affaire Lumines Live, les packs d'extension supplémentaires avaient été proposés avec 66% de réduction pendant une durée limitée. En ce qui concerne Guitar Hero II, Major Nelson n'exclut pas que les joueurs soient entendus. "Je suis sûr que Red Octane va regarder les chiffres et fixer ses futurs prix en conséquence," promet-il sur son blog. Gratuit ? Probablement pas, même si, selon Sweeney, on peut potentiellement récolter tout autant en donnant. "Il y a plein de bonnes raisons d'offrir du contenu supplémentaire gratuit, raisonne-t-il. Vous augmentez le nombre de joueurs, vous maintenez le jeu en vie, bien sûr, mais il y a également le phénomène de l'occasion qui est un gros problème sur console. Si les gens gardent leurs jeux plus longtemps ou s'ils ne s'en séparent jamais parce que nous sortons régulièrement du contenu gratuit, c'est très bon pour nous."